Sous toutes les latitudes et depuis toujours, les hommes ont eu le même rêve : voler, se déplacer dans les airs ou sur les mers, comme le faisaient leurs dieux.
La dernière fois que j’ai pris l’avion, c’était juste avant le Covid, pour aller en Sicile. J’avais été sidérée. Sidérée par le comportement des gens. Même les enfants. Prendre l’avion était devenu une chose banale. Chaque fois que j’ai voyagé en avion, j’ai été subjuguée par la magie de m’asseoir dans un engin qui allait monter dans le ciel, survoler les nuages, les mers, les montagnes. Puis redescendre se poser comme une fleur dans un pays aimé, espéré, désiré. Certains de mes compagnons de vol, ceux qui avaient choisi des places avec hublot, on se demande bien pourquoi, ont commencé par baisser le volet intérieur de leur petite fenêtre, d’autres, rares, ont ouvert un livre ou un magazine, presque tous ont allumé leurs téléphones ou leur tablettes. J’étais la seule, avec une petite fille, devant à gauche, à avoir le nez collé contre la vitre.
Comment en arrive-t-on là ? À ne plus voir la beauté, la poésie, la magie ? À y être à ce point insensibles ? Anesthésiés ? Obsédés par une seule chose : se déplacer, le plus vite possible, d’un point A à un point B.
Dans cette « logique » « évolutive », je lis aujourd’hui qu’il est question de « bientôt transformer l’expérience des voyages aériens en offrant une immersion totale et une expérience visuelle inédite » ! Comprenez remplacer les hublots d’avion, mais aussi les fenêtres des trains, des bateaux, des bus longue distance, par des écrans dynamiques fournissant des « informations en temps réel – sur votre itinéraire, ce qu’il y a à voir dans la région survolée ou parcourue – des options de divertissement interactives ou encore des paysages virtuels.
Quels beaux voyages nous allons faire lorsque la réalité augmentée nous permettra de ne plus limiter nos pauvres sens à une simple et monotone vue « traditionnelle » du ciel, de la mer, des îles et des Alpes ! Ce sera tellement mieux !