Les igloos de verre de Sir Blackwood
Les Chenevières
Oliver caresse la souche d’un grand arbre fraîchement coupé. Sous ses doigts, le grain est inégal. Les cernes de l’arbre forment des crêtes et des ravins. Un géologue ou un bûcheron pourrait lire, sur cette carte d’état-major de l’arbre, les bonnes et les mauvaises saisons. Ici, la courbe se rétracte, un printemps sec et froid ; là, une bande large, un été lumineux, avec juste ce qu’il faut d’eau.
C’était un grand sapin. La bille est encore là, juste à côté, presque un mètre de diamètre. La souche suinte d’une larme de poix jaune. Ça sent la térébenthine, l’ananas, le caramel. On peut deviner, dans l’aubier du grand sapin, la partie tendre et claire du bois, que les dernières saisons de l’arbre ont été favorables. Pas de disette ni de gel assassin. Un printemps suivi d’un été bien équilibrés, chauds sans être brûlants, humides.
(…)
Extrait de la nouvelle « Les igloos de verre de Sir Blackwood »